Faillite d'entreprise

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L'entreprise pour laquelle je travaillais, a fait faillite avec effet immédiat ce vendredi.

Sur la partie faillite, les choses sont assez claires, nous aurons notre du pour les arriérés de salaires/vacances/13e, mais nous perdrons tous nos salaires correspondants aux préavis, part vacances et 13e car il n'y a aucune chance que la liquidation laisse suffisement de liquidités.

Ma question va plus dans le sens des droits et devoirs du Conseil d'Administration (qui est en même temps propriétaire de l'entreprise), vis à vis des employés.
Effectivement, se retranchant derrière la faillite, une fois les employés informés et jetés dehors, nous avons du nous débrouiller tous seuls entres nous pour les certificats de salaires indispensables pour le chômage, celui pour la déclaration d'impôts de l'année prochaine et des certificats de travails. Nous n'avons eu aucun soutien en dehors du prêt du PC avec le logiciel de salaire. Idem pour les informations liées aux démarches 2e pilier (tout le monde ne connait pas forcément le principe du libre passage) ainsi que pour les allocations familiales (démarches de radiations, etc...).

Donc ma première question est liées aux obligations du Conseil d'Administration après le prononcé de faillite avec effet immédiat de la part du juge (jeudi fin d'après-midi).

Ma deuxième question:
La faillite prononcée (à savoir la veille de l'annonce au personnel), est-ce que le Conseil d'Administration ou un quelconque représentant à le droit de pénétrer dans les locaux (propriété également de la même famille...) ?

Troisième question:
Sachant que le système informatique est accessible depuis les locaux ou travaillent des membres du Conseil d'Administation (à savoir l'entreprise "d'en face") dans quelle mesure l'Office des poursuites et Faillites peut il s'assurer de la préservation des données nécessaires.

Dernière question:
Je mets volontairement du conditionnel: En imaginant que le rendu en appel du jugement donnant raison à un créancier soit à l'origine de la décision de mise en faillite (mettant defacto sous le coup du surendettement), est ce que le Conseil d'Administration (qui était seul libérateur des paiements) aurait toute liberté en ce qui concerne les sorties d'actif avant de déposer la demande de faillite au juge ?

Je sais que cela va beaucoup plus loin qu'un simple coup de main "motard" sur un forum et je comprendrais très bien que la réponse ne soit pas très étendue, mais si je peux me faire une opinion quant à la pertinence de lancer les protections jurudiques privées que les divers employés auraient personnellement, cela sera déjà une très grande aide.

Dernier point pour illustrer le côté ************* de nos ex-administrateurs et propriétaires (à la fortune significative...), nous avons une collègue frontalière enceinte, naissance prévue pour juin, qui ne pourra toucher aucune indemnité car frontalière, la loi exige que pour toucher quelque chose il faut être en état de travailler, ce qu'une personne enceinte n'est pas ! Elle se retrouve donc sans revenus (en dehors d'une aumône d'environ 7 euro par jour) !! Ce point aurait été vérifié par ses soins auprès de pôle emploi et l'association de défense des frontaliers.

Sur le dernier point... je vois pas pourquoi elle ne peut pas travailler tant qu'elle n'a pas accouché sauf à être arrêtée par un médecin!
Ne pas être embauchable ne veut pas dire inapte au travail! Donc je vois pas trop pourquoi elle aurait pas d'indemnités au moins jusqu'à l'accouchement.
Pour le reste, je sais pas!

2 Temps tout le temps par tous temps

vastes questions, qui dépassent effectivement largement le cadre d'un amical forum de motards... Pour y répondre, il faut à mon humble avis prendre du temps avec un juriste ou un avocat expérimenté. En très très résumé : il y a des moyens légaux d'agir sur plusieurs plans, mais cela coûte et - généralement - les petits créanciers / travailleurs laissent tomber... Tu vas aller lire la LP, spécialement les articles sur la faillite et sur les effets de la faillite puis sur la liquidation de la faillite.

1) conseil d'administration après la faillite : en principe ils remettent les clefs et tous les docs et infos à l'OF, mais n'ont plus le pouvoir de gestion (obligation d'informer - 222 LP). l'OF peut déléguer. En pratique et depuis de très nombreuses années, l'OF de Genève n'est pas réputé pour sa grande célérité... mais ils ont fait des efforts et ils font face à un nombre record de dossiers.

2) droit d'accès ? dès la faillite les locaux sont sous la garde de l'OF et en principe fermés (223 LP); celui-ci peut déléguer tel ou tel administrateur pour éventuellement parer au plus pressé; le bailleur a également un droit d'accès aux locaux loués (moyennant préavis de 5 jours en principe).

3) protection des données comptables : une fois encore, responsabilité de l'OF qui peut mettre des scellés (débrancher le serveur pour empêcher l'accès à distance p. ex.) 223 LP. Tu peux rendre attentif l'OF au problème.

4) privilégier des tiers céranciers "proches" de l'actionnaire / administrateur : en un mot vider les actifs en laissant les passifs, classique et réprimé. On passe les dispositions pénales sur la faillite frauduleuse ou autre (voir les art. 163 ss CP, spécialement le 167 sur les "avantages accordés à certains créanciers" punis par trois ans à l'ombre) et mentionne avant tout l'action révocatoire des articles 285 ss LP. De manière plus générale, on peut mentionner la possibilité de se faire céder (art. 260 LP) la créance de la masse en responsabilité contre tel ou tel organe (administrateur, organe de révision), l'un des chefs de responsabilité étant en général d'avoir bien trop tardé à déposer le bilan alors que les liquidités sont insuffisantes et la société dans le rouge sous l'angle du 725 CO... on voit que les moyens existent et qu'il faut certains moyens pour les utiliser.

5) la grossesse n'est pas une maladie ni - en soi - une cause d'incapacité de travail. Est-ce que cela rend "inapte au placement" sous l'angle de l'assurance chômage ? j'en doute, mais n'ai pas creusé.

6) le délai de congé, le solde vacances, heures supplémentaires ou autres sont des créances des travailleurs privilégiées, à annoncer ("produire") dans la faillite avec un courrier à l'OF dans le délai.

7) Tu as cité le nom de la société, donc le nom des administrateurs est connu car pubié au RC. Donc prudence avec des affirmations dénigrantes sur ces personnes : je te suggère d'éditer ton message pour remplacer certains termes par des *** pour éviter de te retrouver toi-même dans un collimateur.

Désolé pour la perte de ton emploi. J'espère que vous pourrez retrouver vite.

Waouh, je n'en attendais pas autant ! Un énorme merci pour le temps que tu as mis à répondre à mon message et à faire les recherches nécessaires.
J'ai édité mon message afin que celui-ci soit moins direct et qu'aucune accusation mensongère et non démontrable puisse en être retenu, ton conseil est sage.

Je vais potasser un peu tout cela avec mes co-licenciés.

Je te souhaite un très bon WE de Pâques.

Marre de ne pas pouvoir se connecter sur le forum. Je vais trainer mes pneus ailleurs !

de rien. Et pour ta collègue, c'est l'article 28 LACIqui traite - notamment - de l'indemnité de chômage pendant la grossesse : la seule question qui se pose est celle de l'éventuelle incapacité de travail (donc l'inaptitude au placement) à raison de la grossesse, qui doit être constatée (l'incapacité, pas la grossesse) par certificat médical. Dans les deux derniers mois, la pratique genevoise est de ne même plus demander d'offre d'emploi.

Après l'accouchement et après la période couverte par l'assurance maternité, l’office du travail exige de la mère la garantie de la garde de l’enfant. En effet, une personne qui ne peut pas ou ne veut pas, pour des raisons personnelles ou familiales, engager sa capacité de travail comme l'exige normalement un employeur, est considérée comme inapte au placement. „Les assurés qui en raison d'autres obligations ou de circonstances personnelles particulières veulent exercer une activité lucrative uniquement pendant certaines heures de la journée ou de la semaine, ne peuvent être considérés comme aptes au placement que sous certaines réserves. En effet, il faut admettre l'inaptitude au placement lorsqu'un assuré pose des limites si étroites dans le choix d'un emploi qu'il rend très incertaine la possibilité d'en trouver un“ (ATF 112 V 217).

Maintenant, elle doit peut-être faire face à un autre problème : pour toucher des indemnités, il faut être sans emploi... or la faillite ne met pas un terme au contrat de travail (c'est l'OF qui le fait en général) et l'employeur ne peut pas valablement résilier le contrat d'une femme enceinte. C'est donc à cette dernière de mettre un terme au contrat, cas échéant après avoir mis en demeure l'employeur de la payer et de fournir des garanties pour ses salaires futurs (art. 337a CO), avant de résilier avec effet immédiat pour justes motifs si elle veut aller pointer au chômage. Ce n'est peut-être pas la bonne tactique : à coordonner avec l'ORP pour éventuellement toucher d'abord l'indemnité en cas d'insolvabilité qui permet de couvrir quatre mois de perte de gain au maximum lorsque l'employeur est insolvable. Sauf erreur, l'indemnité ne va pas couvrir les créances nées postérieurement à la faillite (sauf exception, voir art. 52 al. 1bis LACI). Ceci étant, si le contrat n'est pas résilié, la créance de salaire serait éventuellement une dette de la masse, payée même avant les créanciers privilégiés... (hypothèse à creuser mais je n'y crois pas dès lors que l'administrateur n'a pas le choix de résilier, la naissance de la créance n'est pas de son fait). plus d'explications

Un détail qui a son impotance demander touts un extrait de vos prestations versée à l'AVS, AI, 2ème pilier et le reste des charges sociales, car si il manque des versements personne ne va vous le dire avant votre retraite et c'est elle qui s'en verrait pénalisée ...

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Juste quelques nouvelles suite à une visite ce jour à l'Office des Poursuites et Faillites qui a pris son temps pour bien expliquer les tenants et aboutissants de manière didactique. Ce fut très instructifs. En quelques mots: Le loyer était garanti par le matériel de l'entreprise mis en gage, donc à concurrence des loyers impayés, le bailleur (également propriétaire, etc...) sera le premier servi, viennent ensuite, de manière simplifiée et dans l'ordre les employées, l'état et le reste des créanciers. Il faut également savoir que pour toute action en justice, les frais d'avocats sont prélevés sur la faillite, c'est donc autant d'argent en moins à distribuer aux ayants droits, ceci expliquant pourquoi il y a peu de personnes allant au boût de ce genre de démarches. Dernier point, quand bien même dans l'hypothèse qu'il pourrait y avoir matière à poursuite, encore faudrait il que le procureur accepte d'aller de l'avant avec le dossier.

Pour la LPP, AVS, etc, tout est en ordre jusque à la date de faillite.

Bref on l'a dans le baba. Morale de l'histoire, surveillez régulièrement la santé financière de votre entreprise et quittez le navire dès que vous sentez un risque suffisant pour avenir à court terme. Vous sauverez ainsi vos salaires correspondant à vos préavis, vos prorata des droits aux vacances et 13e salaires.
Perso quand on est seul à nourir 4 personnes, ça fait un joli trou dans le budget ... (c'est là que je suis content de rouler un gros mono et non un gros 4 cylindres fougueux Icon mrgreen )

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