@'bracame

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Suis tombé raide dingue d'une chanson de João Bosco que j'écoute en boucle.
Dans un concert appellé "Obrigado Gente"

Je sais pas pourquoi je publie ça parce que dans l'intervalle, j'ai trouvé la traduction.
je voulais te demandé de quoi ça parlait mais j'ai tout trouvé sur un site qui parle de bossanova.

c'est celle là : O Bêbado e a Equilibrista

tu connais ? Je sais pas si elle est sur youtube vu que j'ai po accès au bureau.
Mais j'ai choppé le DVD + acheté l'album du concert.
Du pur bonheur en boite! Je sur-kiffe ! Icon wink

Caía a tarde feito um viaduto
E um bêbado trajando luto
Me lembrou Carlitos
A lua, tal qual a dona de um bordel
Pedia a cada estrela fria
Um brilho de aluguel
E nuvens, lá no mata-borrão do céu
Chupavam manchas torturadas
Que sufoco
Louco, o bêbado com chapéu-coco
Fazia irreverências mil
Pra noite do Brasil, meu Brasil

Que sonha com a volta do irmão do Henfil
Com tanta gente que partiu
Num rabo de foguete
Chora a nossa pátria, mãe gentil
Choram Marias e Clarices
No solo do Brasil
Mas sei que uma dor assim pungente
Não há de ser inutilmente
A esperança
Dança na corda bamba de sombrinha
E em cada passo dessa linha
Pode se machucar
Azar, a esperança equilibrista
Sabe que o show de todo artista
Tem que continuar

Cette chanson ne se prête pas facilement à la traduction car dans la poésie de Blanc et Bosco la couleur des mots y a de l’importance. De plus elle a marqué une époque, celle de la sortie de la dictature militaire et des mouvements populaires qui réclamaient le retour des exilés et les élections au suffrage universel.
Je ne sais pas trop par où commencer mais allons y...

1 – Le thème principal abordé ici est le rêve, alors assez distant, d’une amnistie générale qui permette le retour des exilés. C’est écrit sous la forme d’une parodie subtile qui provoque des émotions rappelant l’état d’esprit de l’époque.
Deux personnages : Un homme saoul et un équilibriste, scène pathétique et à la limite ridicule de ces deux personnages semblables dans leurs attitudes et façon de marcher. Le même pas hésitant, l’un pouvant se permettre l’irrévérence et l’autre menaçant de tomber à chaque pas.
Cette image du pas du saoul et de l’équilibriste lui est venue lors de l’annonce du décès de Chaplin, dont les films se terminaient souvent par un Charlot qui marchait de son pas caractéristique vers un horizon plein d’espoir. D’ailleurs vous aurez noté à la fin la musique Smile (Ton Sourire Est Dans Mon Cœur) thème du film Les Temps Modernes. Joao en a parlé à Aldir Blanc qui a mis les paroles.

2 – La couleur des mots et la structure poétique qu’on ne retrouve pas en Français rendent particulièrement difficile la compréhension. Prenons par exemple le premier vers :
Caia a tarde feito um Viaduto
La traduction donne « Tombait l’après midi comme un viaduc ». C’est effectivement assez bizarre (d’ailleurs ça me rappelle Frédéric Dard qui écrivait « J’entendis un grand bruit, la nuit venait de tomber.. »). Le vers est construit sur le son fluide Y-A de caY-A et vI-Aduto symétriquement placé de part et d’autre de la consonne d’appui R
( taRde)

En plus du saoul et de l’équilibriste on parle du « Frère de Henfil »- Henfil était un dessinateur connu, dont les dessins et les charges dans les journaux étaient particulièrement féroces contre la dictature et son frère ( Betinho), sociologue, était exilé. On parle aussi de Marie, épouse de Manuel Fiel Filho mort effroyablement torturé et de Clarisse (épouse du journaliste Wladimir Herzog retrouvé pendu dans sa cellule)

L’Ivrogne et l’Equilibriste
Aldir Blanc – Joao Bosco

L’après midi tombait comme un viaduc
Et un ivrogne vêtu de deuil
M’a rappelé Charlot

La lune,
Tout comme la patronne d’un bordel
Demandait à chaque étoile froide
De lui prêter de sa lueur

Et des nuages
Là bas dans le tableau noir du ciel
Aspiraient des taches tourmentées,
Quelle angoisse folle :
L’ivrogne au chapeau melon
Faisait mille irrévérences
Dans la nuit du Brésil,
Mon Brésil

Qui rêve du retour du frère de Henfil
De tant de personnes qui sont parties
Le feu aux fesses

Pleure, notre patrie, mère gentille
Pleurez les maries et les clarisses
Sur le sol du Brésil.

Mais je sais qu’une douleur aussi forte
N’a pu venir inutilement
L’espoir danse sur la corde raide avec ombrelle
Et qu’à chaque pas sur ce fil
Il peut se faire mal.

Au diable !
l’espoir équilibriste
Sait que le spectacle de tout artiste
Doit continuer

Si c'est que pour Bracame, faut le lui dire par mail... Icon wink

"Quand les mouettes suivent le chalutier, c'est qu'elles pensent que des sardines seront jetées à la mer." (Eric Cantona, mars 95)